A l'heure où je commence à rédiger ces premières lignes (juillet 2008), cela fait donc un an que je vis dans cette lointaine contrée francophone qu'est le Québec.
S'il existe un bon nombre de différences culturelles entre Nice et Montréal, il en va tout autant pour l'escalade. Il faut savoir, et on s'en rend très vite compte, que le Québec n'est pas le pays de la grimpe.

   D'abord géologiquement parlant, la région est plutôt plate et le caillou n'y est pas particulièrement abondant. Il faut être prêt à rouler de longues heures pour satisfaire un tant soit peu sa soif de rocher.
Certes, l'escalade au Québec se développe, mais elle est largement freinée par un système juridique ultra contraignant (il faut bien payer le prix de la tranquillité quelque part). De ce que j'ai pu en voir, beaucoup de secteurs au Québec sont soit interdits soit secrets et donc réservés à quelques initiés. Il est relativement difficile de trouver les informations si on ne connait pas les bonnes personnes. Tout ça pour dire que même si le potentiel grimpable de la province n'est pas énorme, il est surtout mal exploité car il manque une structuration et des grimpeurs unis pour le développement de notre sport. Il y a bien une fédé mais ses moyens sont limités par son nombre déprimant de membres...
   En plus de ça, le climat du Québec n'est vraiment pas propice à la grimpe. L'hiver est bien évidemment trop froid. Au milieu du printemps, les conditions sont plutôt bonnes si on passe entre les gouttes de pluie. Ensuite, ce sont les moustiques et les intolérables mouches noires qui arrivent, puis la chaleur humide de l'été qui fait presque regretter l'hiver. Finalement, c'est en automne que vous aurez l'occasion d'envoyer vos perfs. Frais, moins de bestioles, et des paysages aux couleurs à couper le souffle. Dommage que les premières neiges arrivent toujours trop tôt !

   Bref, vous l'avez compris, on ne vient pas au Québec pour faire de l'escalade, mais plutôt on essaie d'y trouver son compte lorsqu'on y est. Rassurez-vous, les grandes étendues de forêts cachent tout de même quelques joyaux... Petit tour d'horizon de quelques sites d'escalade de la belle province !
St Alban Lac Long Mt Orford Rigaud Mt St-Hilaire Mt Baldy Val-David Weir Montagne Argent Cap des pères Lac Boisseau
Pas sur la carte :      - Kamouraska - Rumney

   Rigaud est une petite falaise aux abord des pistes d'une minuscule station de ski. On y trouve une trentaine de voies essentiellement entre 5 et 6b. Soyons clairs. On ne va pas à Rigaud pour faire de la perf ou pour les grandes sensations. Par contre, c'est un site école plutôt sympathique qui a l'énorme avantage de ne pas être trop loin de Montréal. Comptez 45 min de voiture pour 10 minutes de marche.
Les voies sont courtes, et l'équipement laisse parfois à désirer. Il n'en reste pas moins que pour amener des débutants, Rigaud reste une bonne solution.
Il n'existe pas de topo à ma connaissance, si ce n'est une vague ébauche incomplète trouvée sur le net. Je crois que l'escalade n'y est que tolérée...

   La montagne d'argent est la Mecque de l'escalade Montréalaise. Attendez-vous à l'affluence les beaux week-ends ! Pour ma part, je n'y ai mis les pieds qu'une seule fois, ma critique restera donc toute relative.
Le site possède de nombreux secteurs, tantôt plutôt escalade traditionnelle ou mixte, tantôt escalade sportive. Et c'est ce qui le rend intéressant. Encore une fois, le haut niveau n'est représenté que par quelques voies de ci de là. Attendez-vous à manger de la dalle. Amateurs de voies dures en dévers... s'abstenir !
Vous trouverez facilement le topo dans les magasins spécialisés. Entrée payante.

   Si Val-David est surtout connu au Québec pour ses secteurs de blocs, on trouve également de nombreux secteurs de voies éparpillés dans le parc Dufresnes, essentiellement du trad et du mixte. Sûrement une bonne approche si vous désirez jouer de la came (il y a même de l'extrême). Si vous êtes plutôt clippeur de dégaines, vous pouvez passer votre chemin, le site ne regorge pas de trésors...
Il vient tout juste d'y avoir une réimpression du topo des voies, vous le trouverez donc facilement dans les magasins. Notez que l'entrée au site est payante et pas donnée : 10$ pour rentrer dans le parc Dufresnes ou l'abonnement à la FQME. Au moins, c'est calme et beau !

   Vous vous demandez peut-être où se trouvent les voies dures proche de Montréal ? Une première alternative intéressante de par sa proximité avec la ville est sans doute le Mt Baldy. Le site n'est pas gros, mais les quelques voies proposées au secteur principal sont presque toutes intéressantes. Les murs doivent faire entre 20 et 25m, verticaux ou légèrement déversants, malheureusement presque toujours séparés par une vire en plein centre. Le royaume de la réglette franche. Dommage que la qualité du rocher laisse un peu à désirer et que les voies se modifient d'années en années... Quoiqu'il en soit, si vous êtes capables de jouer dans le 7, je vous conseille le détour.
A gauche du mur principal se trouvent quelques voies de chauffe, assez inintéressantes. D'autres voies se situent encore plus loin sur la barre mais il est inutile d'aller y jeter autre chose qu'un oeil...
Attention, la falaise se situe sur un terrain privé ! L'escalade y est très sensible. Ne traversez pas la pinède et restez sur les chemins. Topo éclair sur le forum d'escalade Québec.




   Le temple du haut niveau au Québec, c'est le Mont Orford. Situé à environ 1h30 à l'est de Montréal, proche de Sherbrooke, le pic aux corbeaux est un incontournable. Situé dans un parc, encore une fois, l'accès est payant (3$). Le site comprend une quarantaine de voies dont quelques-unes faciles. Rapidement, le niveau se corse avec de belles envolées sur murs verticaux entre 6b et 7b. Un secteur déversant regorge de voies dans le 8ème degré, avec de multiples connections.
Si l'escalade est un peu déroutante au début et les cotations souvent sèches, les voies proposées sont de grande qualité ! On peut même y faire un peu de bloc.
Marche d'approche de 15 minutes plutôt raide. Topo en ligne sur Dr Topo.

   Coup de coeur. Le lac Boisseau se trouve dans les Laurentides au nord de Montréal. Au bord du lac a poussé une petite barre où ont été équipées quelques voies de 5+ à 8b. Le secteur principal offre une quinzaine de voies (moitié en dessous de 7, moitié au dessus) sur un rocher au grain peu courant dans les parages. D'autres voies ont été équipées plus loin mais semblent moins intéressantes.
Certes, on fait vite le tour des possibilités, mais je vous conseille tout de même d'y passer 2 jours histoire de passer la nuit au bord du lac. Un petit coin de paradis... Pas encore de topo. Ca viendra sûrement avec les droits d'entrées au site...

    Weir, c'est la falaise du début du printemps. Orientée plein sud, c'est la première à sécher. La barre est impressionnante (une centaine de mètres au plus haut) et propose bon nombre de voies dont certaines de plusieurs longueurs. Attention, les voies les plus faciles sont souvent en trad.
Rocher un peu semblable à Orford, Weir, c'est vertical et technique. Affûtez-vos chaussons ! Pas de topo à ma connaissance...

   Petit site d'escalade classique des Laurentides, au nord de Montréal : un lac, du calme, et des mouches noires à gogo ! Vous aurez le choix entre 2 secteurs séparés. A droite, le secteur facile, de la dalle entre 5 et 6b, intéressant pour les débutants (topo au pied des voies). A gauche, un grand mur vertical avec une dizaine de voies entre 6b et 7b. Topo éclair sur le forum d'Escalade Québec.

   St Alban est une petite falaise en bord de rivière (un peu trop bruyante pour être vraiment agréable) qui ne mérite pas franchement le déplacement. Certes, vous pouvez vous y arrêter au retour du lac long ou de Kamouraska, si jamais vous vous êtes pris la rincée, mais ne pensez pas à faire le voyage juste pour ça. L'avantage, c'est que ça ne mouille presque pas. Voies déversantes au programme, globalement faciles (dans le 6) et vaguement inintéressantes. St Alban présente une escalade sur strates qui vous fera répéter inlassablement les mêmes mouvements sur les quelques courtes voies qui s'offriront à vous. Le caillou est à tendance friable... Bref, pas de quoi fouetter un chat. A réserver pour le dry-tooling ou le mixte en hiver. Sinon, passez votre chemin. En plus c'est payant !

   Mon dernier coup de coeur... A près de 2h30 de Montréal se trouve un site particulièrement envoûtant. Le site du lac Long. L'approche se fait par une piste en terre qui s'enfonce dans la forêt. Au bout de nulle part, un stationnement, un lac long et étroit, et de l'autre côté une belle paroi. La journée commence donc par la traversée de la rivière, ce qui peut dèjà être éprouvant lorsqu'on ne connait pas exactement le passage ou que le niveau des eaux est trop élevé. Cannot obligatoire à certaines époques de l'année ! Le lac long est à tendance traditionnelle. Quelques voies sont totalement équipées mais il faut poser les pro dans la majeure partie des longueurs. Au pied de la paroi, il ne reste plus qu'à choisir la fissure qui nous interpelle le plus et nous lancer. Au plus on s'élève, au plus la vue s'étend par delà le lac et les collines. Certaines voies montent à plus de 40m, niveau moyen dans le 6. Pour les quelques classiques que j'ai faites, le rocher est de qualité et les voies magnifiques. Il y a possibilité de camper au bord de la rivière. Pas encore payant mais plus pour longtemps... Topo sur Dr Topo.

   Difficile d'écrire un article sur la grimpe au Québec sans parler de Kamouraska. Ce bout de falaise représente la fierté de l'escalade québécoise. A juste titre à bien des égards. Située à environ 4h30 de route Montréal, la paroi offre aux grimpeurs une centaine de voies sur un rocher au grain et aux rondeurs particulièrement plaisants, dans une gamme allant de très facile jusqu'à quelques 7. Ben oui, le gros défaut de ce site est sans aucun doute son manque de voies dures ! Si le 7 ne vous intéresse pas, en revanche, Kamou est pour vous (et beaucoup d'autre monde les week-ends de beau temps) ! La falaise surplombe le St Laurent, dire que le site est enchanteur n'y rendrait même pas hommage.
Une fois de plus, l'accès est payant. Topo sur place ou en magasin.

   Rumney n'est certes pas une falaise du Québec mais bien un gros site du nord-est des Etats-Unis (New Hampshire), à environ 4h de toute de Montréal. Amateurs de voies dures, Rumney est pour vous. Difficile de trouver une aussi grande concentration de voies dans le 8 dans les environs immédiats. Les secteurs Waimea et Orange Crush vous enchanteront. Pour les plus petits niveaux, le site n'est pas en reste et propose de nombreux secteurs aux cotations largement plus abordables avec des voies de grande classe.
Bref, vous aurez le choix. Sachez tout de même que le spot attire bien évidemment beaucoup de monde et que les secteurs principaux sont pris d'assaut les week-ends. Sachez également qu'il pleut beaucoup dans la région... Attention à la météo !
La qualité du rocher est irréprochable : c'est du schiste. Formes et préhensions particulières ! Topo en magasin. 3$ de stationnement.